En 2018, lors des ateliers de réflexion et d’échanges organisés par la « Facicle » (Fabrique Citoyenne Clermontaise), les Clermontais ont affirmé l’attachement qu’ils portent à l’histoire de leur ville et à son patrimoine architectural, particulièrement aux ruines situées sur le Puech Castel appelées affectueusement « le château », considéré par les clermontais comme le lieu emblématique de la ville.
© G. Belart 2020
Depuis le XIIème siècle, perché sur le Puech Castel, le château des Guilhem domine la cité, il reste bien conservé malgré les assauts du temps et d’une histoire tourmentée.
1789, l’assemblée constituante doit trouver des solutions pour redresser les finances de la Nation, les députés votent des taxes foncières qui mettent la noblesse à contribution, c’est la création du Plan Cadastral Français et celle du bureau du cadastre où les propriétaires doivent déclarer leurs biens.
A Clermont l’Hérault, la marquise de Poulpry, déclare être propriétaire « d’un enclos entouré d’un double mur et environné de fossés dans lequel enclos était anciennement construit un château qui n’existe plus ».
Cadastre napoléonien ©archives municipales
1860, l’abbé Somade, curé doyen de Clermont l’Hérault, lui achète les ruines pour en faire un lieu de promenade et de retraite destinés aux religieux, retraités des couvents des alentours.
1902, suite à la séparation des biens de l’église et de l’état et à la création des associations dites loi de 1901, c’est l’Association Immobilière Clermontaise (AIC) qui pour un franc symbolique devient propriétaire « d’un terrain en grande partie clos de murs situé à proximité de l’ensemble ci-dessus lieu-dit Pioch Castel avec les constructions et les ruines qui y sont édifiées et ensemble tous les droits que peut avoir cet immeuble sur le terrain attenant les murs d’enceinte et formant les fossés de l’ancien château de Clermont. ».
L’association composée de laïcs, permet à l’église de continuer à utiliser les lieux et s’engage à les entretenir.
1927, Inscription du château à l’inventaire des Monuments historiques : Ce statut de « monument historique » est une reconnaissance par la Nation de l’intérêt patrimonial d’un bien. Cette protection implique une responsabilité partagée entre les propriétaires et la collectivité nationale au regard de sa conservation et de sa transmission aux générations à venir.
Plan du château par G. Combarnous ©archives municipales
1969, des animations proposées par les associations locales se déroulent au château
1975, Marcel Vidal, maire de la ville, conclu avec l’AIC un bail emphytéotique de 60 ans. A charge de la commune d’entretenir les lieux :
« Il pourra procéder dans les lieux loués à toutes modifications ou transformations suivant la destination qu’il aura décidé de leur donner, les réfections et améliorations par lui apportées devant rester la propriété de l’association bailleresse, en fin de bail, et sans indemnité. Pendant la durée du bail, la commune aura l’entière responsabilité des immeubles et de l’usage qu’elle en fera ».
Un droit de visite est concédé à l’AIC qui conserve une clé du château. Les associations de la ville s’y rendent entre autre pour des repas champêtre.
Septembre 2009, la municipalité charge un architecte du patrimoine de réaliser un diagnostic pour la mise en sécurité du château. L’état de dégradation est important, le maire doit prendre un arrêté de fermeture au public pour insécurité.
Dans la conclusion de son rapport l’architecte indique que pour mettre en sécurité les personnes et les lieux, la ville doit entreprendre des travaux dont le coût total est estimé à : 1 298 443 €. Devant le coût des travaux à entreprendre et ayant d’autres priorités, les travaux ne sont pas réalisés.
Mars 2016, considérant que les obligations du bail n’ont pas été respectées, l’AIC se tourne vers la justice.
Septembre 2018, la ville est condamnée « à réaliser les travaux préconisés par l’architecte du patrimoine dans un délai de deux ans et au-delà sous astreinte de 100 € par jour de retard. A payer à l’AIC une somme de 8 000 € à titre de dommages-intérêts ainsi qu’une somme de 2 000€ au titre de l’article 700 du code de procédure civile et à supporter les dépens. ». La commune fait appel.
Juillet 2019, le tribunal ordonne l’arrêt exécutoire du jugement.
Juin 2020, suite aux élections municipales, la municipalité conduite par le nouveau maire, Gérard BESSIERE décide de nouveaux projets pour la ville et se rapproche de l’AIC pour chercher une solution à l’amiable.
20 mai 2021 Le projet de rachat du château est proposé en conseil municipal, qui l’adopte à la majorité des voix.
Le 1er juin 2021, le château devient la propriété de la commune pour un coût évalué par les domaines de 60 000 €.
L’AIC recevra une indemnisation de 90 000 € sur trois années : 2022-2023-2024 en dédommagement des préjudices subis depuis 1975.
Les différends et litiges anciens sont donc réglés. La ville de Clermont l’Hérault est propriétaire de son château.
Le projet
Des travaux d’aménagement et de mise en sécurité des lieux ont déjà commencé. La recherche de subventions pour financer les travaux indispensables ont déjà permis d’obtenir des aides de l’état et du département pour 115 700 € et ce n’est que le début.
Les services municipaux travaillent pour permettre aux habitants de retrouver leur promenade favorite en toute sécurité. Dans quelques temps ils y trouveront :
- Un chemin entouré de jardins méditerranéens
- Un château ouvert au public accueillant des expositions de sculptures en extérieur
- Des spectacles vivants, du cinéma en plein air
- Des espaces de restauration, buvette
- Des visites pédagogiques
- Des activités sportives
De nombreuses villes et villages sont reconnus grâce à la mise en valeur de leur patrimoine architectural. Ils y organisent des évènements qui participent de leur attractivité touristique et de leur renommée. Chez nous il s’agit d’un château du Moyen-Age...
Vous l'avez compris, Clermont l'Hérault ne pouvait pas passer à côté d'une telle opportunité ! Lieu intergénérationnel si l'en est, le château devient une pierre angulaire à la popularité et reconnaissance de notre ville, cité des Guilhem.
Gérard Bessière et son équipe s’engagent à mettre leur belle énergie et les moyens nécessaires pour arriver à la concrétisation des projets, sans pour autant négliger d'autres postes importants, comme la culture, le sport, la santé et la sécurité pour tous.
Les chiffres clés :
- Achat du château : - 60 000€
- Indemnisation : - 90 000€
- Subventions obtenues + 115 700€
Sources :
TGI Montpellier
RG n° 18/4876 chambre : 1ère B
RG 16/01398 Pôle civil section 1 (10/09/2018)
Délibération du CM 20 mai 2021
Archives municipales